Discipline et Liberté

Nous le savons, nous l’observons, nous le vivons, à l’école comme à la maison, les enfants de 3 à 6 ans traversent constamment des tempêtes émotionnelles. En tant que parent ou professionnel de la petite enfance, l’un des plus gros challenge est de trouver l’équilibre, le ton juste sans tomber dans un extrême tel qu’il soit : laxiste ou autoritaire.

La bienveillance c’est aussi dire non, c’est aussi se tromper, s’excuser, recommencer, ajuster.

Dans la pédagogie Montessori, le terme de discipline et liberté est un pilier que nous retrouvons dans toutes les classes (appelées ambiances). La discipline et la liberté ne sont pas dissociées, elles fonctionnent ensemble. Cela permet de trouver un équilibre pour accompagner les enfants qui découvrent les règles, la vie sociale, la frustration.

A la recherche de discipline intérieure

L’enfant entre 3 et 6 ans est en train de découvrir les règles de vie, les limites. Elles peuvent être présentées de plusieurs manières avec des tons et approches différentes. Dans la pédagogie Montessori, nous essayons de guider l’enfant vers sa discipline intérieure. Cela signifie lui donner des outils pour qu’il apprenne à comprendre les conséquences de ses actes et de ses choix, pour qu’il arrive à respecter les règles et les limites pour son propre bien-être et non par crainte de l’adulte ou par recherche de récompense. Ce chemin est long et la discipline extérieure sera souvent nécessaire au début avec des règles claires, strictes mais raisonnables. Le « non », le « stop », sont tout à fait bienveillants et utiles pour que l’enfant se sente en sécurité. Une fois l’action inappropriée stoppée l’adulte pourra s’asseoir avec l’enfant pour expliquer les conséquences de ses actes en cherchant ensemble comment faire autrement la prochaine fois.

Chaque liberté a sa limite

Dans une ambiance 3/6 ans, nous expliquons aux enfants que chaque liberté a une limite. Par exemple, les enfants peuvent se déplacer librement mais en marchant ; ils peuvent parler mais en chuchotant ; ils peuvent choisir de ne pas travailler mais ne sont pas autorisés à déranger les enfants au travail. Lorsqu’une règle n’est pas respectée, sa liberté est restreinte.

Par exemple, si un enfant ne veut pas travailler et dérange sans cesse ses camarades, nous lui expliquerons : « je vois que c’est difficile pour toi de rester seul sans rien faire, je vais choisir pour toi un travail et quand tu seras prêt tu choisiras seul à ton tour ». De cette manière l’enfant comprend le lien entre la discipline et la liberté et a accès au cadre sécurisant dont il a besoin.

Cela peut tout à fait s’appliquer à la maison dans plusieurs situations.

Un exemple : « Je vois que c’est difficile pour toi de manger seul sans jeter la nourriture sur le sol. Pour le moment je vais rester à côté de toi et t’accompagner. Quand tu seras prêt tu pourras manger seul. »

Les exercices de grâce et courtoisie

Grâce à leurs neurones miroirs, les enfants entre 3 et 6 ans apprennent beaucoup en imitant. La posture de l’éducateur en classe ou du parent à la maison aide beaucoup l’enfant à savoir comment se comporter dans différentes situations.

En classe, nous utilisons les exercices de grâce et courtoisie afin de montrer aux enfants les règles de la classe à travers des scénettes en petits groupes. Voici quelques exemples fréquemment utilisés : dire bonjour, demander la parole, parler à quelqu’un qui est occupé, demander un câlin. Un petit groupe d'enfants accompagnés d’un adulte cercle font les scénettes à tour de rôle. Les enfants adorent ses exercices et intègrent les règles de la classe avec plaisir.

Pour résumer, afin de faire cohabiter la discipline et la liberté en classe comme à la maison, il est important d’offrir un cadre sécurisant à l’enfant, de poser des limites claires, de montrer l’exemple tout en offrant une liberté d’action, d’expression et d’exploration aux enfants.

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